Quand j’ai pensé en vous, ma bien-aimée

Quand j’ai pensé en vous, ma bienaimée,
Trouver n’en puis de si grande beauté :
Et de vertu seriez plus estimée,
Qu’autre qui soit, si n’était cruauté.
Mais pour vous aimer loyaument
J’ai récompense de tourment :
Toutefois quand il vous plaira,
Mon mal par merci finira.

Dès que mon oeil aperçut votre face,
Ma liberté du tout m’abandonna,
Car mon las coeur, espérant votre grâce,
De moi partit, et à vous se donna.
Or s’estil voulu retirer
En lieu dont ne se peut tirer,
Et vous a trouvée sans si,
Fors qu’êtes Dame sans merci.

Votre rigueur veut doncques que je meure,
Puisque pitié votre coeur ne remord.
Si n’aurezvous (de ce je vous asseure)
Los ni honneur de si cruelle mort :
Car on ne doit mettre en langueur
Celui qui aime de bon coeur :
Trop est rude à son ennemi,
Qui est cruel à son ami.

Recueil : L’Adolescence clémentine

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