La peur

Par les plaines de ma crainte, tournée au Nord,
Voici le vieux berger des Novembres qui corne,
Debout, comme un malheur, au seuil du bercail morne,
Qui corne au loin l’appel des troupeaux de la mort.

L’étable est là, lourde et vieille comme un remords,
Au fond de mes pays de tristesse sans borne,
Qu’un ruisselet, bordé de menthe et de viorne
Lassé de ses flots lourds, flétrit, d’un cours retors.

Brebis noires, à croix rouges sur les épaules,
Et béliers couleur feu rentrent, à coups de gaule,
Comme ses lents péchés, en mon âme d’effroi ;

Le vieux berger des Novembres corne tempête.
Dites, quel vol d’éclairs vient d’effleurer ma tête
Pour que, ce soir, ma vie ait eu si peur de moi ?

Les apparus dans mes chemins

Voter pour ce poème!

Émile Verhaeren Apprenti Poète

Par Émile Verhaeren

Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d'Anvers, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d'expression française.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

La poésie est un feu qui brûle dans l'âme. Venez partager votre flamme, à la manière de Paul Éluard.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Je meurs, et les soucis qui sortent du martyre

Sur la croupe d’un mont je vis une fabrique