Les roseaux du golfe

Jean Aicard
par Jean Aicard
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Je sais un bouquet de roseaux
Qui dans le golfe, au bord des eaux,
Est solitaire ;
Mélodieux, frais et serré,
Pour moi ce petit bois sacré
Garde un mystère.

Le joli golfe est peu connu ;
Jamais étranger n’est venu
Fouler sa grève ;
On y va par un sentier creux :
C’est un de ces coins d’amoureux
Comme on en rêve.

Creusés d’antres, de hauts rochers
Où pendent des pins accrochés,
C’est la falaise ;
Au bas, la plage en sable fin
Qu’en mourant d’une mort sans fin
La vague baise.

Là sont mes roseaux, drus et droits ;
Vous en verrez en peu d’endroits
Si près de l’onde ;
Hiver, été, ni jour ni nuit,
L’eau qui près d’eux fait un doux bruit
Jamais ne gronde.

Que ne suis-je aimé ! Dans ce lieu,
Chancelant comme un jeune dieu
De jeunesse ivre,
J’irais, cœur gonflé de désirs,
Près des roseaux pleins de soupirs
Me sentir vivre !

Quand j’arrive là, j’ai l’espoir
A travers les roseaux de voir
L’Ondine nue
Pour qui le Faune, son amant,
Planta dans un désir charmant
Cette avenue.

Car je crois que là, nuit et jour,
Un Satyre implorant d’amour
L’Ondine blonde
Qui veut l’attirer sous les eaux,
Redit sur sa flûte en roseaux
L’appel de l’onde.

Jean Aicard

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