Gordes, j’ai en horreur un vieillard vicieux

Sonnet LXXIII.

Gordes, j’ai en horreur un vieillard vicieux
Qui l’aveugle appétit de la jeunesse imite,
Et là froid par les ans de soi-même s’incite
À vivre délicat en repos otieux.

Mais je ne crains rien tant qu’un jeune ambitieux
Qui pour se faire grand contrefait de l’ermite,
Et voilant sa trahison d’un masque d’hypocrite,
Couve sous beau semblant un cœur malicieux.

Il n’est rien (ce dit-on en proverbe vulgaire)
Si sale qu’un vieux bouc, ni si prompt à mal faire
Comme est un jeune loup : et, pour le dire mieux,

Quand bien au naturel de tous deux je regarde,
Comme un fangeux pourceau l’un déplaît à mes yeux,
Comme d’un fin renard de l’autre je me garde.

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