La jeune châtelaine

‘Je vous défends, châtelaine,
De courir seule au grand bois. ‘
M’y voici, tout hors d’haleine,
Et pour la seconde fois.
J’aurais manqué de courage
Dans ce long sentier perdu ;
Mais que j’en aime l’ombrage !
Mon seigneur l’a défendu.

‘Je vous défends, belle mie.
Ce rondeau vif et moqueur. ‘
Je n’étais pas endormie
Que je le savais par coeur.
Depuis ce jour je le chante ;
Pas un refrain n’est perdu :
Dieu ! que ce rondeau m’enchante !
Mon seigneur l’a défendu.

‘Je vous défends sur mon page
De jamais lever les yeux.’
Et voilà que son image
Me suit, m’obsède en tous lieux.
Je l’entends qui, par mégarde,
Au bois s’est aussi perdu :
D’où vient que je le regarde ?
Mon seigneur l’a défendu.

Mon seigneur défend encore
Au pauvre enfant de parler ;
Et sa voix douce et sonore
Ne dit plus rien sans trembler.
Qu’il doit souffrir de se taire !
Pour causer quel temps perdu !
Mais, mon page, comment faire ?
Mon seigneur l’a défendu.

Poésies

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Marceline Desbordes-Valmore Apprenti Poète

Par Marceline Desbordes-Valmore

Marceline Desbordes-Valmore (1786-1859) est une poète française reconnue pour la richesse et la variété de son lyrisme romantique. Surnommée « Notre-Dame-des-Pleurs » en raison des drames qui jalonnent sa vie, elle émeut par sa sincérité et son talent naturel. Elle épanche dans sa poésie toutes les peines qu'elle a connues durant sa vie. Ses poèmes traduisent ses cris de passion, ses élans vers l’au-delà, et la nostalgie du pays natal. Son talent poétique se voit reconnu par les symbolistes, notamment Rimbaud et Verlaine, qui applaudissent son absence de rhétorique.

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Maria Garcia

Nuages