Ronde

Mon père me veut marier,

Sauvons-nous, sauvons-nous par les bois et la plaine,

Mon père me veut marier,

Petit oiseau, tout vif te lairas-tu lier ?
L’affaire est sûre : il a du bien,

– Sauvons-nous, sauvons-nous, bouchons-nous les oreilles –

L’affaire est sûre : il a du bien…

C’est un mari… courons, le meilleur ne vaut rien !
Quand il vaudrait son pesant d’or,

– Qu’il est lourd, qu’il est lourd et que je suis légère ! –

Quand il vaudrait son pesant d’or,

Il aura beau courir, il ne m’a pas encor !
Malgré ses louis, ses écus,

Ses sacs de blé, ses sacs de noix, ses sacs de laine,

Malgré ses louis, ses écus,

Il ne m’aura jamais, ni pour moins, ni pour plus.
Qu’il achète, s’il a de quoi,

Les bois, la mer, le ciel, les plaines, les montagnes,

Qu’il achète, s’il a de quoi,

Le monde entier plutôt qu’un seul cheveu de moi !
Laissez-vous mettre à la raison

Et garder au clapier, hérissons, chats sauvages,

Laissez-vous mettre à la raison

Avant qu’un sot d’époux m’enferme en sa maison.
Engraissez-vous au potager,

Bruyères, houx, myrtils des bois, genêts des landes,

Engraissez-vous au potager

Avant qu’un sot d’époux ne me donne à manger.
Je suis l’alouette de Mai

Qui s’élance dans le matin à tire d’ailes,

Je suis l’alouette de Mai

Qui court après son cœur jusqu’au bout du ciel gai !
J’y volerai si haut, si haut,

Que les coqs, les dindons et toute la volaille,

– J’y volerai si haut, si haut, –

S’ils veulent m’attraper en seront pour leur saut.
Si haut, si haut dans la chaleur,

– J’ai peur du ciel, j’ai peur, j’ai peur… les dieux sont proches –

Si haut, si haut dans la chaleur,

Qu’un éclair tout à coup me brûlera le cœur.
Et, brusque, du désert vermeil,

Il vient, il vient, il vient !… Hui ! l’alouette est prise !

Et, brusque, du désert vermeil

Un aigle fou m’emportera dans le soleil.

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