Elégie

J’ai voyagé par les trois parts du monde,
J’ai vu la mer d’où lève le soleil,
Et j’ai vu l’onde où l’attend le sommeil,
Et mille biens dont les hautes louanges
Font ébahir les nations étranges,
Les y tirant par un désir de voir
Qui des pays la grandeur veut savoir.
J’ai enduré mainte dure fortune
Dessus les flots, royaume de Neptune;
J’ai enduré mainte fortune aussi
Dessus la terre, en proie de souci,
Soit voyageant en régions diverses,
Soit en suivant Bellone et ses traverses.
Tous ses malheurs, hélas ! j’ai surmonté
Pour être enfin de deux beaux yeux dompté,
Yeux qui me font une guerre cruelle,
Cruelle autant qu’elle semble nouvelle.
Tous les travaux auparavant connus
Ne me sont rien près de ceux que Vénus
Me fait soufrir. Une amoureuse peine
plus que nulle autre est de misère pleine :
Mais la beauté qui cause mon tourment
Vaut bien le mal que je souffre en aimant.

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