La sorciere

C’était peu après la source un tunnel noir sous la route.
Les pieds dans l’eau glacée et les mains dans la glaise nous luttions au bord du jour contre le miroitement avant les remous là où le courant était pur.

Il y avait le choc des pierres

l’écho sous la voûte

et nos cris d’apprentis
Sisyphe,

les mains lissaient l’argile

colmataient les brèches

s’acharnaient à faire obstacle

à couper les angles de fuite

à retenir la transparence.

Le flot s’embourbait autour des chevilles, ne chantait plus mais pesait de tout son élan brisé ne jouait plus

avec le soleil et les feuilles mais amassait une force sombre dessus la cascade asséchée.

Il n’y avait pas de question,

l’effort primait

l’acte était rot

on bâtissait l’instant

on bâtissait d’instinct,

il n’y avait ni durée

ni désastre

et le cours des choses

était une vieille lune de l’autre côté des forêts.
Nous savions que le garde viendrait au petit matin avec un madrier déglinguer nos murailles.
Nous savions sans savoir que cela était notre secret.

Pour le ruisseau et la digue l’adulte et les enfants l’insouciance et la loi la magie moite de ce lieu-dit et la fournaise du chemin, le point d’équilibre s’avérait très exactement point de rupture.

Ni en deçà ni au-delà

nous étions en un songe physique

La poésie transcende le temps. Écrivez comme Baudelaire, commentez comme Aragon, et laissez votre empreinte.

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