Les taureaux

Les plaines de la mer, immobiles et nues,
Coupent d’un long trait d’or la profondeur des nues.
Seul, un rose brouillard, attardé dans les cieux,
Se tord languissamment comme un grêle reptile
Au faîte dentelé des monts silencieux.
Un souffle lent, chargé d’une ivresse subtile,
Nage sur la savane et les versants moussus
Où les taureaux aux poils lustrés, aux cornes hautes,
À l’oeil cave et sanglant, musculeux et bossus,
Paissent l’herbe salée et rampante des côtes.
Deux nègres d’Antongil, maigres, les reins courbés,
Les coudes aux genoux, les paumes aux mâchoires,
Dans l’abêtissement d’un long rêve absorbés,
Assis sur les jarrets, fument leurs pipes noires.
Mais, sentant venir l’ombre et l’heure de l’enclos,
Le chef accoutumé de la bande farouche,
Une bave d’argent aux deux coins de la bouche,
Tend son mufle camus, et beugle sur les flots.

Poèmes barbares

Voter pour ce poème!

Charles-Marie Leconte De Lisle Apprenti Poète

Par Charles-Marie Leconte De Lisle

Leconte de Lisle est un poète français, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul sur l'île de la Réunion et mort le 17 juillet 1894 à Voisins. Leconte de Lisle est le nom de famille du poète.

Poemes Charles-Marie Leconte De Lisle - Découvrez les œuvres poétiques de Charles-Marie Leconte De Lisle

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Rejoignez notre monde de mots, où chaque commentaire est un baiser de Ronsard à l'âme.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Le souvenir

Enfin, l’Amour cruel à tel point m’a rangé