La statue

Quand tu m’es apparue

c’est la tête penchée

et un doigt sur les lèvres.

Joli corps de statue

sur ton socle de grès,

tu m’as jeté un sort, sorcière !

Tu m’as jeté un sort…
Car tu m’as envoûté

de corps et de pensées,

un sourire sur les lèvres.

Es-tu sainte ou diablesse ?

Es-tu femme ou déesse ?

Tu m’as jeté un sort, sorcière !

Tu m’as jeté un sort…
Tu as tissé ta toile

comme ferait l’araignée,

un grand rire sur les lèvres.

Et en gestes comptés,

comme la reine d’un bal,

tu m’as jeté un sort, sorcière !

Tu m’as jeté un sort…
Alors brisant le mal,

je t’ai abandonnée,

un défi sur les lèvres.

Couché dans l’aube pâle,

je ne puis t’oublier.

Tu m’as jeté un sort, sorcière !

Tu m’as jeté un sort…
Adorable statue

à la tête penchée

et au doigt sur les lèvres,

merveille de formes nues

dans le marbre taillées,

tu m’as jeté un sort, sorcière !

Tu m’as jeté un sort…
1981

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