Joal

Joal !

Je me rappelle.

Je me rappelle les signares à l’ombre verte des vérandas

Les signares aux yeux surréels comme un clair de lune sur la grève.
Je me rappelle les fastes du Couchant

Où Koumba N´Dofène voulait faire tailler son manteau royal.
Je me rappelle les festins funèbres fumant du sang des troupeaux égorgés
Du bruit des querelles, des rhapsodies des griots.

Je me rappelle les voix païennes rythmant le Tantum Ergo

Et les processions et les palmes et les arcs de triomphe.
Je me rappelle la danse des filles nubiles

Les choeurs de lutte – oh ! la danse finale des jeunes hommes, buste
Penché élancé, et le pur cri d´amour des femmes – Kor Siga !
Je me rappelle, je me rappelle…

Ma tête rythmant

Quelle marche lasse le long des jours d´Europe où parfois

Apparaît un jazz orphelin qui sanglote, sanglote, sanglote.

Voter pour ce poème!

Léopold Sédar Senghor Apprenti Poète

Par Léopold Sédar Senghor

Léopold Sédar Senghor, né le 9 octobre 1906 à Joal, au Sénégal et mort le 20 décembre 2001 à Verson, en France, est un poète, écrivain, homme d'État français, puis sénégalais et premier président de la République du Sénégal et il fut aussi le premier Africain à siéger à l'Académie française.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Chaque commentaire est une page de l'histoire poétique de notre forum. Écrivez votre chapitre, tel un Camus des vers.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

Qui a vu quelquefois un grand chêne asséché

Insatiablement