Princes de la Chine

a. Les trois princes Pou, Lou et You,
Ornement de la Chine,
Voyagent. Deux vont à machine,
Mais You, c’est en youyou.

Il va voir l’Alboche au crin jaune
Qui lui dit : ‘ I love you. ‘
Elle est Française ! assure You.
Mais non, royal béjaune.

Si tu savais ce que c’est, You ;
Qu’une Française, et tendre ;
Douce à la main, douce à l’entendre :
Du feu… comme un caillou.

b. Mgr Pou n’aime icibas
Que le sçavoir antique,
Ses aïeux, et la politique
Du Journal des Débats.

Elle qui naquit sous le feutre
Des chevaliers mandchoux,
Sa femme a le coeur dans les choux :
Dieu punisse le neutre !

Mgr Pou, mauvais époux,
Tu cogites sans cesse.
Pas tant de g. pour la Princesse :
Faislui des petits Pous.

c. Sous les pampres de pourpre et d’or,
Dans l’ombre parfumée,
Ivre de songe et de fumée,
Le prince Lou s’endort.

Tandis que l’opium efface
Badoure à son côté,
Il rêve à la jeune beauté
Qui brilla sur sa face.

Ainsi se meurt, d’un beau semblant,
Lou, l’ivoire à la bouche.
Badoure en crispant sa babouche
Pense à son deuil en blanc.

Contrerimes

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Paul-Jean Toulet Apprenti Poète

Par Paul-Jean Toulet

Paul-Jean Toulet, né à Pau le 5 juin 1867 et mort à Guéthary le 6 septembre 1920, est un écrivain et poète français, célèbre par ses Contrerimes, une forme poétique qu'il avait créée.

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