À Eugène Grangé

La fille du gai Thespis

Est tout endormie

Et penche son front de lys

Sur sa main blêmie.

Ses Bacchantes aux doux yeux

Ne versent plus le vin vieux ;

Assez de pleurs ! j’aime mieux

L’amour de ma mie.
On dit que nous triomphons !

O gaîté facile,

Où sont tes joyeux bouffons

Venus de Sicile ?

Les grands mots ont effrayé

Ce peuple au manteau rayé

Dont Molière a défrayé

La verve docile !
Mais ta Muse lace encor

A son pied d’albâtre

Le léger brodequin d’or

Qui sied au théâtre.

L’Amour est votre échanson,

Il rit à votre moisson :

Qu’il nous rende la chanson

Rieuse et folâtre !
Que la Comédie au moins

Ait son chant du cygne !

Ah ! sans prendre tant de soins

Pour paraître digne,

Son beau rire était si prompt !

Ami, sans lui faire affront,

Rien ne sied mieux à son front

Qu’un rameau de vigne.
Mai 1855.

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Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

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Souvenir

T’es pas beau, l’humain !