Nénuphars

Pour Théophile Gautier

Sous leurs feuilles glauques et lisses,
Les blancs nénuphars allemands
Bercent au fond de leurs calices
Des contes païens et charmants.

Le groupe enlacé des naïades,
Sous le fleuve entraînant Hylas,
Y chante à travers les ballades,
Divin écho de l’Eurotas.

L’urne crétoise au flanc sonore,
Que l’eau claire emplit d’un sanglot,
Sous son poids fait sombrer encore
Les lotus nageant sur le flot.

Mais, hélas ! par le temps flétries,
Leurs chairs ont pris des tons palis.
Mille ans d’amour les ont meurtries.
Les nymphes mortes sont Willis.

Les yeux éteints, la bouche ouverte,
Leurs bras nus sous leur cou ployés,
Leur groupe apparaît sous l’eau verte
Comme une ronde de noyés.

C’est un chœur de mauvais génies,
D’ombre et de suicidés blafards
Qui dans un spasme d’agonies
Valse audessus des nénuphars ;

Et tout un monde fantastique,
Gnomes et feux follets troublants,
Grouille et chante, où la fable antique
Eut mis des dieux de marbres blancs.

L’ombre ardente

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Par Jean Lorrain

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