En passant en chemin de fer

Discrets, furtifs et solitaires,

Où menez-vous, petits chemins ?

Vous qu’on voit, pleins de frais mystères,

Vous cachant aux regards humains.
Où menez-vous, petits chemins

Tapissés de fleurs et de mousse ?

Vous cachant aux regards humains,

Que votre ombre doit être douce !
Tapissés de fleurs et de mousse,

Abrités du froid et du vent,
Que votre ombre doit être douce

A celui qui s’en va rêvant !
Abrités du froid et du vent,

Le voyageur vous voit et passe.

A celui qui s’en va rêvant,

Peut-être ouvririez-vous l’espace ?
Le voyageur vous voit et passe,

Il se retourne en soupirant :

Peut-être ouvririez-vous l’espace

A son cœur malade et souffrant ?
Il se retourne en soupirant,

Emporté plus loin dans la vie.

A son cœur malade et souffrant

Votre silence fait envie.
Emporté plus loin dans la vie,

Le voyageur reviendra-t-il ?

Votre silence fait envie,

O chers petits chemins d’avril !
Le voyageur reviendra-t-il

Fouler l’herbe que l’agneau broute,

O chers petits chemins d’avril !

Qui l’attend au bout de sa route ?
Fouler l’herbe que l’agneau broute,

Au moins, ç’aurait été la paix.

Qui l’attend au bout de sa route ?

Pourquoi fuit-il l’ombrage épais ?
Au moins, ç’aurait été la paix,

La fraîcheur sauvage et champêtre.

Pourquoi fuit-il l’ombrage épais ?

Le bonheur était là, peut-être.
La fraîcheur sauvage et champêtre,

Loin de tous les regards humains,

Le bonheur était là, peut-être,

Dans un de ces petits chemins.
Loin de tous les regards humains,

Mes rêves cachent leurs mystères,

Dans un de ces petits chemins

Discrets, furtifs et solitaires !

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Louisa Siefert Apprenti Poète

Par Louisa Siefert

Louisa Siefert, née à Lyon le 1er avril 1845 et morte à Pau le 21 octobre 1877, est une poétesse française.
Louisa Siefert (1845 - 1877) était une poétesse française qui a laissé une poésie empreinte de douleur mais soutenue d’un vif spiritualisme protestant. Son premier recueil de poèmes, Rayons perdus, paru en 1868, connaît un grand succès. En 1870, Rimbaud s'en procure la quatrième édition et en parle ainsi dans une lettre à Georges Izambard : « J'ai là une pièce très émue et fort belle, Marguerite […]. C'est aussi beau que les plaintes d'Antigone dans Sophocle.»

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