Ballade de Victor Hugo père de tous les rimeurs

En ce temps dédaigneux, la Rime

A force amants et chevaliers.

Ces chanteurs, pour qu’on les imprime,

Accourent chez nos hôteliers

De Voyron, pays des toiliers,

D’Auch, de Nuits, de Gap ou de Lille,

Et nous en avons par milliers,

Mais le père est là-bas, dans l’île.
Les uns devant le mont sublime

Bâtissent de grands escaliers

Qui vont jusqu’à la double cime;

Ceux-là, comme des oiseliers,

Prennent des rhythmes singuliers,

Ou rejoignent l’abbé Delille

Par le chemin des écoliers;

Mais le père est là-bas, dans l’île.
D’autres encor tiennent la lime;

D’autres, s’adossant aux piliers,

Heurtent la sottise unanime

De leurs fronts, comme des béliers;

D’autres, effrayant les geôliers

Du grand cri de Rouget de l’Isle,

Brisent nos fers et nos colliers;

Mais le père est là-bas, dans l’île.
Envoi.
Gautier parmi ces joailliers

Est prince, et Leconte de Lisle

Forge l’or dans ses ateliers;

Mais le père est là-bas, dans l’île.
Août 1869.

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Théodore de Banville Apprenti Poète

Par Théodore de Banville

Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du bonheur ».

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