Le faisan doré

Quand le Faisan doré courtise sa femelle,
Et fait, pour l’éblouir, la roue, il étincelle
De feux plus chatoyants qu’un oiseau de vitrail.
Dressant sa huppe d’or, hérissant son camail
Couleur d’aube et zébré de rayures d’ébène,
Gonflant suri plastron rouge ardent, il se promène,
Chaque aile soulevée, en hautaines allures ;
Son plumage s’emplit de lueurs, les marbrures
De son col vert bronzé, l’ourlet d’or de ses pennes,
L’incarnat de son dos, les splendeurs incertaines
De sa queue où des grains serrés de vermillon
Sont alternés avec des traits noirs sur un fond
De riche, somptueuse et lucide améthyste,
Tout s’allume, tout luit…

… Et, sur ces yeux muants de claires pierreries
S’unissant, se brisant en des joailleries
Que sertissent le bronze et l’acier, et l’argent,
Court encore un frisson d’or mobile et changeant,
Qui naît, s’étale, fuit, se rétrécit, tressaille,
Éclate, glisse, meurt, coule, ondule, s’écaille,
S’écarte en lacis d’or, en plaques d’or s’éploie,
Palpite, s’alanguit, se disperse, poudroie,
Et d’un insaisissable et féerique réseau
Enveloppe le corps enflammé de l’oiseau.

Les poèmes sont des échappatoires vers d'autres mondes. Ouvrez une porte, comme le faisait Saint-Exupéry, et entrez.

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