Prière bohémienne

À tous les bohémiens, les bohémiennes de ma rue
Qui sont pas musiciens, ni comédiens, ni clowns
Ni danseurs, ni chanteurs, ni voyageurs, ni rien
Qui vont chaque matin, bravement, proprement
Dans leur petit manteau sous leur petit chapeau

Gagner en employés le pain quotidien
Qui sourient aux voisins sans en avoir envie
Qui ont pris le parti d’espérer
Sans jamais voir de l’or dans l’aube ou dans leur poche
Les braves Bohémiens, sans roulotte, ni chien
Silencieux fonctionnaires aux yeux fatigués

J’apporte les hommages émus
Les espoirs des villes inconnues
L’entrée au paradis perdu
Par des continents jamais vus
Ce sont eux qui sont les plus forts
Qui emportent tout dans la mort

Devant ces bohémiens, ces bohémiennes de ma rue
Qui n’ont plus que la nuit pour partir
Sur les navires bleus de leur jeunesse enfuie
Glorieux oubliés, talents abandonnés
Comme des sacs tombés au bord des grands chemins

Qui se lèvent le main cruellement heureux
D’avoir à traverser des journées
Ensoleillées, usées, où rien n’arrivera que d’autres embarras
Que d’autres déceptions tout au long des saisons

J’ai le chapeau bas à la main
Devant mes frères bohémiens

Voter pour ce poème!

Félix Leclerc Apprenti Poète

Par Félix Leclerc

Félix Leclerc est un auteur-compositeur-interprète, poète, écrivain, animateur radiophonique, scénariste, metteur en scène et acteur québécois, et un homme engagé pour la souveraineté du Québec et pour la défense de la langue française.

Ce poème vous a-t-il touché ? Partagez votre avis, critique ou analyse !

Les poètes tissent leur toile de mots. Ajoutez un fil précieux avec votre commentaire.
S’abonner
Notifier de
Avatar
guest
0 Avis
Inline Feedbacks
View all comments

La pensée est une eau sans cesse jaillissante

Je sais, quand le midi leur fait désirer l’ombre