Le temps de la liberté

Le whisky avait dénoué ses cheveux sales et flottait sur la force des fusils la carapace des tanks et les jurons du juge

O jour non lagunaire

plus têtu que le bœuf du pays baoulé

qui a dit que l’Afrique dort

que notre
Afrique se cure la gorge

mâche du kola boit de la bière de mil et se

rendort

la
TSF du
Gouverneur avait colporté ses

mensonges amassé le fiel dans la

poche à fiel des journaux c’était l’an

1950 au mois de février qui dans le vocabulaire

des gens de par ici s’appellera la saison

du soleil rouge

Cavally
Sassandra
Bandama

petits fleuves au mauvais nez qui à travers vase et pluie

d’un museau incertain cherchez

petits fleuves au ventre gros de cadavres

qui a dit que l’Afrique se terre frissonne

à l’harmattan a peur et se rendort

Histoire je conte l’Afrique qui s’éveille

les hommes

quand sous la mémoire hétéroclite des chicotes

ils entassèrent le noir feu noué

dont la colère traversa comme un ange

l’épaisse nuit verte de la forêt

Histoire je conte l’Afrique qui a pour armes

ses poings nus son antique sagesse sa raison toute nouvelle

Afrique tu n’as pas peur tu combats tu sais mieux que

tu n’as jamais su tu regardes les yeux dans les yeux

des gouverneurs de proie des banquiers périssables

belle sous l’insulte
Afrique et grande de ta

haute conscience et si certain le jour

quand au souffle des hommes les meilleurs aura disparu la tsé-tsé colonialiste

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Aimé Césaire Apprenti Poète

Par Aimé Césaire

Aimé Césaire, né le 26 juin 1913 à Basse-Pointe et mort le 17 avril 2008 à Fort-de-France, est un écrivain et homme politique français, à la fois poète, dramaturge, essayiste, et biographe.

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À la dame si reine

Comme tous les soirs