Les chambres, dans le soir

Georges Rodenbach
par Georges Rodenbach
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Les chambres, dans le soir, meurent réellement :
Les persiennes sont des paupières se fermant
Sur les yeux des carreaux pâles où tout se brouille ;
Chaque fauteuil est un prêtre qui s’agenouille

Pour l’entrée en surplis d’une extrêmeonction ;
La pendule dévide avec monotonie
Les instants brefs de son rosaire d’agonie ;
Et la glace encore claire offre une assomption

Où l’on devine, au fond de l’ombre, un envol d’âme
Quotidienne détresse ! âme blanche du jour
Qui nous quitte et nous laisse orphelins de sa flamme !
Car chaque soir cette douleur est de retour

De la mort du soleil en adieu sur nos tempes
Et de l’obscurité de crêpe sur nos mains.
Ô chambres en grand deuil où jusqu’aux lendemains
Nous consolons nos yeux avec du clair de lampes !

Le règne du silence

Georges Rodenbach

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