Les Plus Lus

  • D’un passé

    Je méritais, j’en suis sûr, la potence. Je séjournais souvent dans les prisons. Le cœur des femmes, cela pense sans qu’intervienne la raison. J’étais un gigolo plein de tendresse, main de batiste et regard souteneur. Les dieux du lit, même s’ils laissent dans la mémoire une rancœur, ne sont-ils pas plus éternels, Mesdames, que vos […] Plus

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  • Au passif

    Accepte les réalités. Les capitales N’émigrent plus. Tes orangers peuvent dormir Au chaud, dans la cuisine; et tes bibles s’installent Comme des pies sur l’étagère. L’avenir N’est qu’un ballon : tu veux qu’il explose. Ta rue Fait le tour de ton cou. Ton plus jeune horizon Se vautre dans le cidre. Ô falaise ventrue, Désertée […] Plus

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  • Du roman au poème

    Ainsi s’achève le roman. Comme il se doit, le personnage meurt au dernier chapitre. On peut le regretter ; on peut aussi parler de délivrance. Quelques lecteurs ajoutent, soit des virgules, soit des soupirs. L’intrigue était très raisonnable, et les coups de théâtre mesurés. Le livre se referme sur le héros, sur la raison. On […] Plus

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  • L’espèce

    J’en ai assez d’être un représentant de cette espèce folle. L’homme est discrédité : fini son temps ! Qu’il rende la parole à la matière, à l’albâtre, au caillou, à l’oiseau qui est digne. Je ne veux plus passer pour un voyou : au soleil, une vigne n’a pas besoin qu’on lui tende la main; […] Plus

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  • Tendresse

    Après le désespoir vient la tendresse, comme il sied aux vieillards. Je suis joyeux, je me redresse et je m’adonne à l’art. Je parle aux fleurs. J’entretiens les comètes. J’écoute la chanson qu’un saxophone me répète : « Ensemble nous pensons… » Je monologue avec une peinture ou les statues de sel. Que sont mes […] Plus

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  • Sous la peau

    J’ai congédié le lilas blanc, l’oasis, la colline, la rivière qui coule et qui ne coule plus, et j’ai fait mes adieux à l’aurore, aux poissons, aux objets que l’on peut quelquefois caresser, pour m’enfermer en moi. J’ai découvert ma plèvre, mon pancréas, mes poumons gris, mes intestins gluants, et tout ce qui dans mes […] Plus

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  • Le poète tranquille

    La foudre abat les arbres. Moi j’écris mon poème. Le fleuve inonde la province. Moi j’écris mon poème. Le vieillard dort à la vilaine étoile. Moi j’écris mon poème. La lèpre attend les amoureux. Moi j’écris mon poème. Le lait manque aux enfants. Moi j’écris mon poème. Un peuple tue un autre peuple. Moi j’écris […] Plus

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  • Petit destin

    Je reste indifférent à mon destin. Je suis assis comme une bûche auprès du feu. Je respire avec peine et songe à ne pas trop songer. Vous m’amputez d’un bras ? Ce n’est pas grave : il était inutile. Vous me privez de l’esprit et de l’âme ? Tant mieux : ils n’avaient plus d’emploi. […] Plus

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  • Les devoirs

    pour Monique Royer Je dois d’abord éteindre les oiseaux. Dans mon jardin les fleurs galopent : je dois d’abord les arrêter comme on arrête son cheval devant la mer boudeuse. Je dois d’abord repeindre les objets qui furent mes amis : le rasoir, la carafe et les livres sacrés. Je dois d’abord rendre à l’horloge […] Plus

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  • Mélo

    Tendre mélo : je suis mon fils et mon ancêtre. Mon cœur se vide et mon crâne est trop plein. J’obéis au hasard : je deviens le poulain, je me change en proverbe, j’imite quelques mots qui gigotent dans l’herbe, m’enivrant chaque jour d’une image fantasque. Mon œuvre d’art est de mettre le masque sur […] Plus

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  • La cigale

    Je ne crois pas que mon poème ait le moindre pouvoir, ni sur vous ni sur moi. Je le rédige, un peu pour me surprendre car dans le choix des mots, il en est un parfois, très doux, très clandestin, qui me fait sursauter. Je ne sais pas à qui je le destine : est-ce […] Plus

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  • ébauche

    Je ne suis qu’une ébauche : le nez fendu, la dent de gauche. Complétez-vous l’individu ? Je ne suis qu’une idée ; l’ordinateur, qui l’a codée, y mettra-t-il quelque douceur? Je ne suis que cette ombre manquant de chair ; on y dénombre le menton mou, l’œil de travers. Je ne suis qu’une page écrite […] Plus

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